Lors d’une discussion avec un ami, nous échangions sur la frontière qui sépare les mondes politiques de gauche et de droite. Cette frontière que chacun ne pénètre pas, certain de ses positions et qui lorsqu’elle est franchie, nous assure de vives discussions qui montent dans les tons et qui peuvent même faire exploser des relations. C’est là que je me pose cette question : faut-il se séparer radicalement d’un monde qui ne nous correspond pas et qui porte même des valeurs qui nous débectent ? Comment peut-on créer un monde nouveau et plus lumineux si nous ne mettons pas de la lumière dans ce que nous nommons comme l’obscurité, là où se trouvent la séparativité, l’ignorance des besoins de l’autre, le mépris et la haine de la différence ? Quand la vision de l’autre ne parvient pas à distinguer les nuances unifiées par un système qui s’applique à favoriser les amalgames, mettre des personnes d'une grande et riche diversité dans le même bateau et ne plus faire de cas par cas. Mais plutôt en créant de toutes pièces une vérité sinueuse entre l’individu sensible et une masse de dégénérés sans foi ni loi qui s’opèrent à détruire le monde, guidés par la terreur et la rébellion. L’autre, (endoctriné par ce système de pensée dicté par les médias radotant les mêmes faits pour le conforter dans sa faille béante que sont la peur et l’insécurité, en appuyant fortement sur le danger que représentent ceux qui veulent un monde meilleur) ne devient alors plus qu’un commandité aveuglé d’un système fragile qui se sentant instable ne veut surtout pas que des personnes se réveillent de l’hypnose dans laquelle il les maintient fortement. Ainsi, ce système usera de cette faille pour préserver son existence. Alors faut-il se mélanger pour éveiller l’autre, attirer son regard autrement ? Lui montrer physiquement que la meute qu’il ne voit plus que comme une terreur, possède une âme, un cœur et qu’elle n’a aucun déguisement de méchant, qu'elle souhaite simplement par des idées de paix et d’union avant tout, changer le monde qu’elle ne reconnaît pas comme son égal ? Comment peut-on demander à quelqu’un d’avancer sur un chemin qu’il ne reconnaît pas comme le sien, un chemin boueux, un lieu dans lequel il ne trouve plus de repères ? Où il se sent même en insécurité. Comment peut-on lui demander de se taire ? Le museler, le camisoler, le frapper ? J’apprends la rébellion à mes enfants, je la trouve toujours juste et saine, d’autant plus envers nous-mêmes leur parent, leur guide. Ils sont des individus uniques et ont des besoins propres à eux, comme nous adultes, le vivre-ensemble nous conduit à nous adapter les uns aux autres. Il est vrai qu'une fois sorti de notre cocon familial, je me rends compte que le monde extérieur n’accepte pas des prises de position différentes et justes pour soi, et que l’éducation nationale a tendance à les brider, pour les faire entrer dans un moule prédéfini par la facilité et c'est déjà là le commencement de l'hypnose massive. Néanmoins au contact des autres, ils apprennent que les limites ne sont pas franchissables, et qu’il faut s’acclimater sans cesse, et même éternellement avec le périmètre de chacun. S’adapter en permanence, car tout autour de nous est en mouvement et en évolution permanente. Car ce qui nous dérangeait hier ne nous dérange peut-être plus aujourd’hui et vice-versa. Ainsi le jeu, si je peux l’appeler comme ça, serait d’entendre les limites de chacun, de retrouver de l’individualisme pour un mieux-vivre ensemble. Et puis comme chacun n’a pas forcément toujours des idées très riches, et même si j’ose dire a parfois des idées de merde, le dialogue ouvert est toujours intéressant, il ouvre de nouveaux horizons, il ouvre l’accès à un système de pensée que nous n’avions peut-être jusqu’alors jamais entrevu. Cependant, oui, cela oblige à faire descendre son ego, et je vois combien pour certains, c’est difficile. L’ego est l’ennemi du cœur. Il n’est aucun guide, il fonce tête baissée dans des idées plates sans reliefs et sans possibilités d’être affranchies. Le cœur, lui, ouvre à la compassion, à l’empathie. J’aurais envie de conclure, que lorsque nous sommes en présence de personnes à l’ego fortement brutal, conditionné et même bourrin qui veulent passer en force, n’y voyons que de la déshumanisation. Car lorsque des idées intéressantes et qu’un échange bienveillant s’offrent à nous, nous nous sentons accueillis par notre convergence d’opinion, il n’y a pas de malaise, il se passe quelque chose d’intéressant et à mettre en lumière : les deux points de vue n’ont pas besoin d’être similaires, ils viennent simplement se compléter. L’idée qui passe en force n’est jamais juste, elle est bien tout le contraire. Annaïk Viallet
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