Je m’en veux car je n’ai pas respecté mes limites.
Et si dans mon accompagnement au quotidien je prône haut et fort que c’est quelque chose de primordial, et bien sache que même moi je n’y arrive pas toujours.
Mes vacances ont été rythmées par la correction de mon livre, le travail sur la maquette pour sa couverture.
J’ai accepté des entretiens professionnels pendant mes vacances me plongeant déjà dans la rentrée sur un potentiel partenariat et même un travail de professeur dans une école supérieure privée qu’on me proposait. Avec tout le casse tête chinois que ça impliquait et venant inévitablement bousculer ma vie personnelle, ma vie de maman, et mon travail de thérapeute.
J’ai subit un délai de réponse bien trop proche de la rentrée, et de mon agenda déjà bien rempli, je me suis vu angoisser devant l’attente interminable, malgré mes nombreuses relances, pour finalement me sentir rejetée à la toute toute dernière minute, c’est à dire la veille de la rentrée, alors que je n’avais pas demandé ce poste à l'origine.
J’ai bouclé ma formation de massage énergétique, terminé les supports pour les envoyer chez l’imprimeur.
J’ai passé les vacances à répondre aux sollicitations d’une organisation familiale, j’ai du chercher un traiteur avec peu de réseaux et une date Line très courte car personne ne déniait s’en occuper.
J’ai dû en rentrant de mes vacances chercher un gîte pour un événement que je devais organiser pour mon association de batucada avec encore une date Line bien trop fine, car la personne qui devait s’en occuper ne l’a tout bonnement pas fait.
Tout en gérant l’achat d’un nouveau frigo qui avait lâché au retour de nos vacances (Merci mon intuition, la surprise a été moins douloureuse).
J’ai dû enchaîner avec la rentrée de mes enfants, leur activités, leur rendez-vous hebdomadaires, leur tonnes de rendez-vous médicaux en vue de leur opérations à venir.
Septembre a démarré, sans repos pour moi, ma formation a attaqué, mes rendez-vous ont repris.
J’ai enchaîné avec des week-ends forum ou à travailler, les nouvelles inscriptions à mon association, une assemblée générale à préparer, tout cela sans un seul jour de repos, et tout en étant sollicitée par les mails et messages de demandes diverses et variées..
Pendant tout ce temps j’ai entendu mon corps me dire stop, me dire qu’il était fatigué et qu’il avait besoin d’arrêter tout, mais je ne savais pas comment faire pour m’arrêter.
En tant qu’indépendante et Présidente de mon association pour laquelle je gère quasiment tout, en tant que maman, comment arrêter ce gigantesque tsunami sans que tout s’écroule ?
Surtout quand j’ai vu de mes yeux, la cantine de mes enfants vouloir me surfacturer parce que j’avais raté les minuscules 24h de délai d’inscription pour la semaine de repas.
Comment s’assouplir soi-même quand le monde nous impose des règles aussi strictes et restrictives ?
Comment se fait-il que je sois capable de donner autant de souplesse aux autres, quand la société me demande à moi d’être dans les règles, de comprendre et d’intégrer de
nouvelles règles divergentes selon l’endroit et cela sans délais ?
Comment lâcher quand, lâcher veut dire être puni en retour, ou devoir se battre pour se faire comprendre ?
Alors pendant cette rentrée, J’ai senti mon corps se crisper, j’ai ressenti cette sensation que je déteste sur les côtés de mon crâne car la fatigue était bien trop présente.
J’ai senti que même le sommeil ne me reposait plus.
J’ai senti mon corps vibrer au « repos » car sous tension et agité par la charge mentale.
J’étais devenu le tourbillon et je ne savais plus du tout comme sortir de cette spirale infernale, demandant ironiquement aux autres de faire les choses vite comme moi.
Et bien évidemment, car il faut toujours une chute dans une histoire, je suis tombé malade, car mon corps est mon meilleur ami.
Mon corps m'a déclaré « tu ne peux pas t’arrêter ? Ok et bien je vais te clouer sur place ».
Et c’est malheureux, mais c’est la méthode qui fonctionne, car on s’autorise bien plus véritablement à dire stop quand on est malade, on se sent plus légitime, et les autres comprennent plus clairement cette limite.
La maladie reste la limite ferme et stricte Number one, qui fonctionne le mieux dans notre société.
Et puis cela nous pousse à nous soigner, à prendre soin de soi et à stopper les tâches et à plus facilement déléguer pour s’autoriser à guérir.
Aujourd’hui nous sommes le 20 septembre et c’est le premier jour depuis ces longues semaines où je n’ai (presque) rien à faire et où je peux enfin souffler et m’occuper de moi.
J’ai enfin dépassé ce tsunami.
Ouf !
J’ai commencé ma journée par une séance de Yoga. Et j’ai exploré, même si je vois bien que les problèmes rencontrés ces dernières semaines sont encore bien présents comme des effluves, qu’il est temps pour moi de sortir de ce tourbillon et de revenir à quelque chose de plus calme en moi.
Il est grand temps et urgent de prendre soin de moi pour prendre soin de vous.
Alors, aujourd’hui j’ai de la compassion pour moi car j’ai donné (beaucoup trop) avec mon cœur. J’ai pensé (beaucoup trop) aux autres avec mon cœur.
Je me suis violenté et je me pardonne.
J’apprends de cette épreuve que mon corps est mon véhicule, que je l’aime car il me porte et me permet la souplesse de mes gestes, il me permet de jouir de la vie, d’enlacer et d’être enlacé, il me donne la capacité de danser, de jouer, de courir, de vibrer.
Et surtout j’apprends encore qu’il est mon ami, même s’il n’est pas parfait et qu’en plus il vieillit !
Et puis je dois te dire aussi, que j’ai été encore beaucoup déçue et triste dans mes relations durant ces derniers mois.
C’est un constat depuis de nombreuses années, car quand on est une personne comme moi, je dirai stellaire, on ne sait pas faire autrement que de donner sans limites.
Certainement que je donne beaucoup et sûrement trop, je le sais depuis mon enfance. Pourtant je reste toujours aussi naïve et surprise devant le constat blessant de mes relations à sens unique.
Alors, avec cette fatigue accumulée j’aurai envie de dire :
« et bien allez tous vous faire foutre » et j’aurai raison sur le coup, car l’injustice est bien là. Mais qu’est-ce que ça nourrirait au final ?
Je préfère laisser telle quelle la porte, comme elle a été fermée malgré moi et continuer mon chemin.
Je crois que ces déceptions amicales si j’ose les appeler ça comme ça, viennent me traduire le besoin de me recentrer sur mon propre monde.
Car l’expansion de soi vers les autres est juste certes, mais l’intériorité et le recentrage est encore plus juste, quand le monde extérieur nous fait ressentir un vide en soi.
Il me rappelle que mon tout petit cercle des personnes qui m’aiment sans failles est bien là, solide, qu’il fait bloc autour de moi, me permettant de me sentir totalement en sécurité, totalement aimée, totalement comprise et c’est si réconfortant.
Les autres ne sont que les autres.
Les nôtres sont notre recueil. Annaïk Viallet - 20 septembre 2024
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