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Photo du rédacteurAnnaïk Viallet

Comment surmonter la peur de s'exprimer pleinement ?


Mon travail d’accompagnante vers l’harmonie de ton être dans tous les domaines de ta vie se confronte souvent à tes difficultés et à tes peurs de franchir le pas.


J’accompagne Julie depuis 2 ans déjà, elle a commencé un beau chemin et a déjà fait de beaux progrès.

Récemment, elle m’a exprimé l’envie de réaliser un projet et pour ce faire, elle a le besoin et l’envie de pouvoir s’exprimer vraiment.

Être libre d’être et de faire, en somme.

Ce qui lui fait peur ?

La peur de ne pas être entendue, accueillie, et même d’être rejetée.

Alors, elle se tait et n’ose pas.

Elle se retrouve le cul entre deux chaises, entre « j’en ai assez de devoir me restreindre, me taire, me faire toute petite, m’écraser » et le « j’ai besoin de pouvoir mettre ce projet en place, car il me tient à cœur et j’ai besoin d’être entendu sur mes besoins ».

Tiraillée, entre, je ne peux pas, et j’aimerais follement pouvoir jaillir dans ma propre vie !

Elle reste alors coincée dans ce paradoxe, tétanisée, par ses propres suppositions, « c’est sûr, si je dis ça, je vais déranger, on va m’en vouloir, on va me trouver chiante, on ne va plus me parler. »


Il est certain que si elle communique avec tout cet arrière-plan, on va lui répondre exactement comme elle l’aura demandé, car ses peurs supposées seront devenues ses demandes.


À creuser pour déterminer ses peurs, Julie m’a expliqué la venue de ses parents récemment, elle m’a parlé de cette intrusion qu’elle a vécue. Prenant sur elle, encore, face à un père qui fait comme il veut, sans même se poser la question de « est-ce que je dérange ? » Alors qu’il dérange vraiment ! Et une mère qui ne dit rien, s’écrase et qui suit bien que ça ne lui plaise pas et qu’elle ne puisse pas.


C’est intéressant de voir ces deux comportements vivants chez ma cliente.

Tantôt, « j’aimerais réaliser ce projet, mais si je le fais, je vais ressembler à mon père, et qu’est-ce qu’il m’énerve ! Je ne veux surtout pas lui ressembler ».

Tantôt, « Je préfère ne rien dire et subir, comme ma mère le fait, pour ne pas faire de vague, mais je n’ai pas non plus envie de lui ressembler ».


Nos parents sont nos modèles et bien que nous ne voulions pas leur ressembler pour tous les trucs nuls et pourris qu’ils font et qu’ils ont faits, ils nous ont aidés à construire nos fondations par qui ils sont et ce qu’ils en ont fait. Ils ont, inévitablement, créé, malgré eux, nos conditionnements.


Plus tu chasses et fuis sans régler ce qui te tiraille de l’intérieur, plus il te poursuit et te malmène, tel un fantôme.


L’idée ici pour Julie, c’est de comprendre qu’elle n’a ni besoin d’être sa mère ni son père.

Ce n’est pas en n'étant surtout pas sa mère qu’elle devient le contraire : son père et vice-versa.

Le comprendre, c’est en prendre conscience et permettre de le dégager. Cela lui permet de pouvoir s’en extraire et d’inventer une autre manière d’être, et donc la possibilité de réaliser son projet.

Être dans l’opposé ou pareil, c’est la même chose. Il faut faire un pas de côté, sortir de son histoire et faire différemment. Inventer une tout autre manière, guidée par le cœur et non plus par les peurs.


Julie est une personne pleine d’empathie, elle avait besoin d’être accompagnée dans cette quête expansive d’elle-même. J’ai noté dès le début de nos rendez-vous son besoin d’être en harmonie avec les autres, cette profonde compassion pour les autres, parfois à son propre détriment.


Revenons à sa peur de s’exprimer, qui se traduirait pour elle comme inévitable synonyme de désaccord et de fâcherie certaine.

Lorsque tu t’exprimes en parlant calmement et respectueusement, seulement de ce que les faits te font vivre intérieurement, sur ce dont tu n’es pas d’accord, que tu t’exprimes sur tes envies, tes besoins et tes limites, tu ne t’attaques pas à l’autre, tu parles de toi, seulement de toi. C’est ce qui s’appelle la communication non-violente.

Malgré tout, l’autre peut l’entendre avec son propre filtre. Il peut le prendre et le retourner contre lui, l’entendre comme une critique, se sentir attaqué, mais il reste le seul et unique responsable d’en faire ce qu’il en veut et ce n’est pas ton problème. Tu as parlé seulement de toi, pas de lui, et tu peux le lui rappeler.


Moi qui suis d’un tempérament plutôt du côté opposé, qui m’exprime plutôt très librement, j’ai noté ce malentendu intéressant dans notre société.

Quand je peux être en désaccord avec quelqu’un, qu’il y a un problème entre nous, qu’il y a besoin d’un réajustement pour rééquilibrer le juste pour chacun. Je suis très souvent surprise d’être attaquée sur ma personne, jugée, rabaissée. Outre le fait que ce soit totalement hors sujet, c’est assez violent. Surtout quand le problème vient d’un fait, d’un comportement qui ne me convient pas.

Un comportement ne doit jamais déterminer la qualité d’une personne.

Il y a une différence entre faire et être.

Tu peux faire plein de conneries, être maladroit, te tromper, être con ou de mauvaise humeur parfois, cela ne détermine pas ta valeur. Il faut réussir à différencier un comportement et une personne.

Je n’ai pas dit que c’était facile ! Je dis seulement que c’est ce qu’il faut faire si nous voulons un monde plus en paix.

Lorsque j’ai un problème avec quelqu’un, je le lui dis, je m’exprime sans m’en prendre à l’autre, j’expose les faits, comment je les vis et comment j’aimerais qu’ils soient modifiés, et puis je passe à autre chose. Je ne reste pas avec de l’animosité.


Pourtant, je vois comme le fait de s’exprimer sur ses désaccords se finalise par se retrouver avec quelqu’un de fâché en face. Cela traduit encore les carences de notre société. Où ses habitants pensent que de bien vivre avec les autres, c’est s’entendre sur tout et être toujours en accord, dans le monde merveilleux des Bisounours où tout le monde s’aime, tout le monde est gentil et balance des cœurs arc-en-ciel, c’est bon, tu as l’image ?

Eh bien, c’est là que la plupart des gens se trompent, le bien vivre ensemble, c’est prendre en compte et entendre toutes les différences, les déséquilibres, les difficultés, les désaccords et y trouver des solutions ou non d’ailleurs, mais écouter chacun même si nous ne sommes pas d’accord.


Celui qui se plaint souvent n’est pas une mauvaise personne, comme celui qui ne se plaint jamais n’est pas une meilleure personne.

C’est très caricatural, mais malheureusement, c’est comme cela que beaucoup de personnes font leurs 2 seules et uniques cases.


Pour Julie, qui a peu confiance en son potentiel, cela peut être effrayant de se retrouver prisonnière d’un conflit sur sa personne et rangée directement dans la case la moins sympa. Il faut avoir une solide sécurité intérieure, et elle va pouvoir travailler dans ce sens.


Lorsque Julie aura bien différencié sa personne de celles de ses parents, qu’elle aura compris qu’un désaccord parle des actes et non des valeurs des personnes, qu’elle aura saisi l’intérêt de la communication non-violente, qu’elle se rappellera que d’être en accord avec tout le monde est impossible, qu’elle se rappellera toujours de ceux et celles qui l’aiment, quoi qu’elle dise et quoi qu’elle fasse, elle pourra alors sortir de sa zone de confort et mettre en place des exercices dans sa vie.

Et oui, je sais, c’est difficile, le dépassement de soi ce n’est pas un claquement de doigts qui résout tous les problèmes. C’est du travail sur soi.


Progressivement, elle dira ce qu’elle ressent et s’exprimera sur ses désirs, elle veillera à ce que son projet se mette en place en s’exprimant au fur et à mesure, surtout si son projet prend une tournure qui l’échappe. Et ce, jusqu’à ce que le projet se mette en place.

Elle pourra alors prendre conscience que le fait de s’exprimer remplit et nourrit d’autant plus les relations qu’elle a avec les autres. Elle prendra alors plus confiance en elle. Elle fera des erreurs, doutera, elle n’y arrivera pas toujours, c’est certain. Mais elle se rappellera à chaque exercice que le fait de sortir de sa zone de confort lui permet d’entrer dans la zone d’apprentissage pour pouvoir atteindre et savourer l’étape finale de l’abondance face au résultat souhaité, même s’il n’est pas comme elle l’avait imaginé au départ, la gratitude d'avoir réussi à s'exprimer pour mettre en place son projet restera son unique triomphe.


Un pas après l’autre, elle nourrira les fondations de son estime d’elle-même et de sa propre sécurité ; un pas après l’autre, elle franchira les obstacles qui auparavant l'avaient tétanisée.

Elle prendra confiance en elle ainsi que dans sa relation avec les autres et, pour couronner le tout, elle acceptera mieux les défauts de ses parents et elle bénéficiera d’une relation plus harmonieuse avec eux, car apaisée.


Ainsi, elle comprendra qu'on ne peut pas changer les autres, mais qu'on a le pouvoir d'agir sur soi pour changer la relation qu'on a avec les autres.

 

Annaïk Viallet - 07 novembre 2024

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