Je suis triste et j’ai peur de ce monde dans lequel nous sommes entrés.
- Annaïk Viallet
- 19 avr.
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 21 avr.

Je vois des centres de planning familial fermer, des maternités fermer, des hôpitaux fermer, je vois des centres associatifs et culturels bloqués par trop peu de subventions qui se voient obligés de facturer leurs frais aux familles... Je vois l'entraide, le soin, l'humanité réduire à vue d'oeil.
Je vois ce monde se privatiser, je vois nos privilèges acquis se perdre.
Je vois tout ce pourquoi mes grands-parents se sont battus, oui battus, car ils ont milité toute leur vie et mon grand-père a pris une balle dans la jambe pendant qu’il distribuait des tracts à la sortie d’une usine. Il a fait de la prison pour ses idées, car il était personnellement engagé dans un parti politique où l'égalité et les droits communs pour tous étaient sa seule ambition.
Nos grands-parents se sont battus pour nos droits d’aujourd’hui car ils ont connu le sacrifice de leur vie de famille, de leur moment précieux en dehors du travail laborieux.
Imaginez que nos grands-parents se sont battus pour obtenir un seul jour hebdomadaire de congés : le dimanche.
J’ai l’impression que beaucoup ont perdu le sens et les valeurs de l’humain. Beaucoup jugent les plus démunis, encore, pendant qu’ils trouvent qu’à l’autre bout de la planète la guerre est injuste, alors que chaque jour ils mènent une guerre contre l’autre.
Le monde se divise, car le monde ne croit plus en l’autre, des frontières se montent.
Je crois que l’humanité s’est perdue en chemin.
Le monde politique n’y est évidemment pas pour rien.
Chaque partie a semé le flou et le paradoxe.
Le constat est que les gens n’y voient plus clair, ne connaissent plus l’histoire, les tenants et les aboutissants. Ils mélangent tout.
Je ne suis moi-même pas une experte, néanmoins je réfléchis par moi-même, je me documente sur le sujet, je cherche, j'interroge ceux qui savent mieux que moi. Je ne fais pas d’une parole une vérité. Et quand je n'y comprends rien, je m'abstiens.
Et c’est tout le problème d’aujourd’hui, les gens font d’une source une vérité unique.
Quand un parti leur vend le doux rêve d'être irréprochable, qu'ils leur promettent la sécurité ultime, l'intransigeance, la transparence, la responsabilité de chacun pour des actes, ce même parti se retrouve jugé pour le vol de l'argent public, et ses électeurs les excusent et en redemandent. Ça me choque.
Comment se fait-il qu'un grand nombre de personnes ne remettent plus rien en question ?
Comment se fait-il qu’ils ne cherchent pas derrière ?
J’ai vu une info passer récemment, encore une, les bus scolaires vont devenir payants pour les collégiens.
J’ai entendu des « c’est normal rien n'est gratuit, l’école est une chance regardez dans les autres pays ».
Mais enfin, l’école est ici obligatoire, l’école est financée par l’État qui est lui-même financé par nos impôts. Nous payons tout ce dont nous nous servons.
Sans blague ? Notre gouvernement ce n’est pas notre papa et notre maman qui travaillent et nous donnent à becquer.
Notons encore un fait qui nous a été supprimé : nos poubelles !
Il y a encore très peu de temps, le système était bien ficelé, l'État nous a obligés à acheter une poubelle pour nos déchets conforme aux nouveaux camions-poubelles.
Et puis un jour, toujours pour une histoire d'argent, on nous a dit, démerdez-vous. Vous irez désormais déposer vos poubelles dans nos grosses poubelles toutes neuves aux quatre coins de la ville. Histoire de vous diviser encore un peu plus, vous ne verrez plus la tâche supplémentaire qu’on vous a imposée tellement vous serez occupé à juger celui qui a mal fait son tri.
Et cette poubelle qu’on nous avait obligé d’acheter, et bien gardez-la, recyclez-la, non on ne la reprendra pas, non on ne vous la remboursera pas.
Ce genre de chose est hallucinant.
Ces dernières années, nos privilèges acquis se sont vus réduire drastiquement. Et nous n’allons pas vers quelque chose qui va en s’arrangeant.
Le système perd de plus en plus son côté humain pour réduire ses frais et devenir rentable coûte que coûte.
Et si cela fait des années que je le répète, je le vois désormais s'installer durablement et s’accélérer.
Je crois que le pire, c’est l’acceptation de la majorité du monde de toutes ces restrictions.
Le monde trouve normal de payer en plus de ce qu’ils finançaient déjà entièrement avec leurs impôts, avec des impôts qui augmentent de surcroît.
Je me sens seule, car comme très souvent, je suis la seule à dire que je ne suis pas d’accord. À m'offusquer. Je dérange par mes prises de position, je dérange parce que tout le monde accepte. Ça m'épuise.
En face, ce sont évidemment des personnes qui ne peuvent rien y faire. Alors, je suis mal à l’aise, je me sens prise en étau d’un système qui me débecte de plus en plus et contre lequel je ne peux rien.
La colère est devenue vilaine, mais si personne ne s'énerve, alors tout le monde accepte ?
Je me débats, je crie, je me fâche, je pleure, mais surtout, je me sens seule.
Annaïk Viallet - 19 avril 2025
Vous n’êtes pas seule à penser tout cela, une des seule à prendre position oui peut-être mais nous sommes nombreux à partager votre point de vue, à être irrités voir choqués du fonctionnement de notre système, aux restrictions à répétition. Certains acceptent car pensent inutile de lutter et n’en ont ni le temps ni l’énergie. Mais beaucoup d’autres ne supportent plus tout ce que vous dénoncez.
Merci d’exposer votre point de vue, ainsi d’autres que vous se sentent également moins seuls !
À bientôt,
Élise